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211. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Christine de Suede. » pp. 111-153

Sur le bord d’un ruisseau qui sépare le Dannemarck de la Suède, comme Jules-César sur le Rubicon, elle saute lestement & à pieds joints le petit ruisseau, & courant à toute jambe, s’écria de toutes ses forces je suis libre, comme ce fou de Philosophe qui jeta tout ce qu’il avoit dans la mer, puis s’écria : je suis libre. […] Elle faisoit tous les exercices d’un homme avec force & adresse, montoit un cheval, couroit le cerf, faisoit à pied les plus longues traites, couchoit sur la dure au serein, étoit infatigable, toujours en action ; son éducation comme celle de Henri IV l’y avoit de bonne heure accoutumée, souffrant la faim, la soif, le froid, le chaud, n’usant que d’alimens grossiers, dormant peu, ce qui dans un climat aussi rude que la Suède n’est pas une petite mortification.

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