/ 295
84. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Charles IV & Charles V. » pp. 38-59

Le second, revenu sincérement de ses égaremens, fut un homme sage, fidele à ses promesses, vivant chrétiennement avec son épouse veuve du Roi de Pologne, & mourut dans des grands sentimens de piété. […] Elle se revêtoit des habits de pénitence pour faire des œuvres de piété, & le lendemain se couvroit des habits les plus pompeux, des ornemens les plus fastueux, pour aller au bal. […] Il raconte qu’une de ses maîtresses, qui étoit très-vertueuse, & menoit loin du monde une vie édifiante, & qu’il eut la bassesse de séduire par ses assiduités & ses caresses, eut à peine perdu le goût de la piété, qu’elle courut au théatre où elle n’alloit jamais, & où la premiere fois elle s’augmenta & se fortifia si bien, qu’elle devint scandaleuse, & assure que c’est au théatre que beaucoup de femmes tendent les pieges les plus dangereux, & font les plus honteuses conquêtes ; qu’il y fut pris par une femme très belle & très parée qu’il vit dans les loges, & dont il devint éperdument amoureux, malgré la résolution qu’il avoit prise de renoncer à l’amour, à toute sa vie licencieuse, qui n’a été que l’imitation du théatre, n’a été que le fuit de ce qu’il avoit entendu. […] Au reste, c’est être bien galant de signer les placets des Dames sur les balustres de l’Autel , pour ne pas les faire attendre, en les renvoyant à un lieu, à une heure moins indue ; il y a là plus de galanteries que d’exercice de piété.

/ 295