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33. (1665) Observations sur une comédie de Molière intitulée Le Festin de Pierre « Observations sur une comédie de Molière intitulée Le Festin de Pierre » pp. 1-48

Voilà en peu de mots ce que l’on peut dire de plus obligeant et de plus avantageux pour Molière : et certes, s’il n’eût joué que les Précieuses, et s’il n’en eût voulu qu’aux petits Pourpoints et aux grands Canons, il ne mériterait pas une censure publique, et ne se serait pas attiré l’indignation de toutes les personnes de piété : mais qui peut supporter la hardiesse d’un Farceur, qui fait plaisanterie de la Religion, qui tient École du Libertinage, et qui rend la Majesté de Dieu le jouet d’un Maître et d’un Valet de Théâtre, d’un Athée qui s’en rit, et d’un Valet plus impie que son Maître qui en fait rire les autres. […] Et comme d’un côté Molière enseigne à corrompre la pudeur, il travaille de l’autre à lui ôter tous les secours qu’elle peut recevoir d’une véritable et solide piété. […] Il sait que les choses défendues irritent le désir, et il sacrifie hautement à ses intérêts tous les devoirs de la piété : C’est ce qui lui fait porter avec audace la main au Sanctuaire, et il n’est point honteux de lasser tous les jours la patience d’une grande Reine, qui est continuellement en peine de faire réformer ou supprimer ses Ouvragese. […] Nos Rois qui surpassent en grandeur et en piété tous les Princes de la terre, se sont montrés très sévères en ces rencontres, et ils ont armé leur justice et leur zèle autant de fois qu’il s’est agi de soutenir l’honneur des Autels, et d’en venger la profanation. […] L’auteur peut conclure un peu rapidement, de leur piété, qui est notoire, à leur désapprobation.

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