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256. (1804) De l’influence du théâtre « DE L’INFLUENCE DE LA CHAIRE, DU THEATRE ET DU BARREAU, DANS LA SOCIETE CIVILE, » pp. 1-167

Mais ne nous abusons pas : jamais nous n’arriverons à cette heureuse révolution dans les mœurs, tant que l’asile de la piété, dans un funeste abandon, n’offrira que l’aspect douloureux d’une vaste et triste solitude ; que la contagion du mauvais exemple du grand nombre des hommes constitués en dignité, continuera d’autoriser le peuple à l’infraction habituelle de ses premiers devoirs9 ; qu’en un mot, indifférents aux succès de la véritable morale, nous n’attacherons d’importance et de prix qu’à ces frivolités du jour qui nous occupent exclusivement, qu’à ces plaisirs factices, à ces vaines grandeurs dont nous nous montrons si vivement idolâtres. […] Pendant la longue nuit que la domination des barbares étendit sur presque tout l’univers connu, les asiles de la piété furent aussi ceux des lettres. […] NDA Si le Tartuffe a fait un honneur infini à l’auteur, qui en a si bien peint le caractère odieux ; si ce rôle à l’époque où la pièce a paru, c’est-à-dire sous un Prince ami de la véritable piété, était propre à signaler ceux qui en prenaient le masque à la cour pour mieux en imposer à la crédulité des hommes de bien ; ce rôle et la pièce elle-même, n’ont plus aujourd’hui d’objet réel. […] Cette pièce maintenant, n’est donc guère propre qu’à égarer le petit peuple, qui ne distingue jamais la véritable piété de la fausse.

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