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88. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. —  De la Comédie.  » pp. 267-275

Tous les Acteurs reprochent à l’Avare son avarice ; ils en font de même au Joueur, au Jaloux, au Négligent et à tous les autres personnages ridicules et vicieux qu’on entreprend de corriger sur le Théâtre : et à la fin de la Pièce chaque vice et chaque ridicule se trouve puni et corrigé : pourquoi ne fait-on pas la même chose lorsqu’on y traite la passion d’amour ? […] C’est précisément comme si dans la Comédie de l’Avare, la cassette ne se retrouvait pas,13 et que lors du dénouement de la Pièce le Roi envoya à Harpagon pour le consoler du vol qu’on lui a fait, quatre fois autant d’argent qu’on lui en a pris : ou que dans la Comédie du Joueur un ami donnât à Valère deux mille pistoles, pour le mettre en état de jouer encore, et de regagner ce qu’il a perdu. […] Suivant ce principe on croira que je vais rejeter tout le Théâtre comique de nos jours ; je serais assez porté à prendre ce parti : cependant je veux examiner si parmi les Pièces qui subsistent il y en a quelques-unes qui méritent d’être conservées, et si, dans la corruption générale du Théâtre, on peut trouver quelque Comédie où la passion d’amour soit traitée d’une manière instructive comme je viens de le proposer. […] [NDA] On ne peut s’empêcher de remarquer que c’est un défaut dans l’Avare de ce que la cassette se retrouve ; la passion favorite d’Harpagon étant l’avarice, il aurait fallu pour rendre la Pièce instructive, que cette avarice eut été punie, et Harpagon ne l’étant que du côté de son amour, qu’il est forcé de sacrifier, s’en console bientôt avec son argent.

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