/ 343
86. (1802) Sur les spectacles « FUITE DES MUSES ET DU BON GOUT : Peut-on compter sur leur retour ? » pp. 3-11

Jadis un bon faiseur mettait un ou deux ans à composer une pièce, de nature à s’assurer un droit éternel à nos hommages. […] C’est la prodigieuse quantité de mauvaises pièces écrites en mauvais français qui a le plus contribué à ensevelir le bon goût et à confondre tous les genres. […] Nos perruquiers n’ayant plus rien à faire, ont volé les pièces d’autrui ; ils les ont salies et déshonorées : et il s’est trouvé des directeurs assez ignorants pour acheter jusqu’à cent et deux cents de ces sortes de pièces qui en ont tué quelques-uns à peu près aussi vite que le poison le plus actif. […] Là on voit des pièces moins soignées, rapidement écrites, et dont les auteurs ont obtenu la représentation lucrative, sans avoir attendu des années… Alors mes jeunes gens perdent le sentiment du beau, du parfait. Vous n’en voyez pas un qui ne se croie assez de talent pour composer des pièces pareilles à celles dont il est spectateur.

/ 343