Ses dépenses étoient énormes, ses impôts accablans, & les murmures des peuples extrêmes. […] Henri IV, son successeur, qui rétablit la France & en mérita toute la tendresse, avoit été dans son enfance nourri avec du pain bis & des gousses d’ail, manquant souvent de linge, allant au froid & au chaud, nuds pieds & nue tête, avec les gens de la campagne ; actif, infatigable, méprisant la mollesse & le luxe, dédaignant le faste & la parure, ne connoissant aucun danger, se jetant au milieu des ennemis dans les combats, à travers une forêt de lances, familier, populaire, compatissant, attentif à tous les besoins des peuples. […] Suzanne étoit d’ailleurs si modeste, que quand elle parut devant le peuple, l’Ecriture remarque qu’elle étoit entierement voilée, & que l’incontinence de ses accusateurs lui arracha le voile pour se repaître de sa beauté : Jusserunt ut discooperiretur, erat enim cooperta. […] Sans doute on n’en veut point à leur vie, comme cette héroïne dont Dieu arma le bras pour sauver son peuple.