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173. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Charles IV & Charles V. » pp. 38-59

Pour fournir à tant de folles dépenses, il ruina son peuple, il occasionna des guerres qui, pendant plus de quarante ans, désolerent tout son pays, & au milieu de ces horreurs, malgré l’invasion de la Lorraine, dans le temps qu’elle étoit le théatre de la guerre, qu’on y exerçoit des cruautés inouies, que les peuples & lui même étoient errans & fugitifs, dans le temps qu’on négotioit pour son rétablissement, au lieu de s’occuper de ces objets importans, & de pleurer sur tant de maux dont il est cause, dominé par ses passions, il donna des fêtes, des bals, des carrousels, des mascarades, des comédies, des tournois à Selle Dessanglée, au risque de tomber à chaque pas de cheval. […] C’est toujours le même caractere respectable de l’auteur, plein d’honneur, de religion & de probité ; il y parle du théatre à l’occasion des fêtes données aux noces du Duc avec la veuve du Roi de Pologne, & de celles du Dauphin, où l’on voit que ni la misere du peuple, ni la sainteté de l’action, ni le caractere des personnes, rien ne peut diminuer la fureur des spectacles. […] Mais tout cela ne suffit pas pour placer sur le trône de la gloire un libertin, un ambitieux, un homme emporté, un homme plein de hauteur & de fierté, un aventurier qui se jette dans une ville révoltée, pour y entretenir le feu de la révolte, un flatteut qui promet la souveraineté à la France, l’autorité à la noblesse, la République au peuple, & dans le fond ne travaille que pour lui-même. […] Il fait de nouvelles maîtresses, il en fait à Naples, au milieu des troubles, des embarras, des conjurations, des pieges, au milieu d’une populace effrénée, d’une armée qui l’assiege, & d’un peuple jaloux à l’excès. […] Il se trompoit, tout étoit changé, le peuple, la fortune, lui-même.

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