La Tragédie tire son nom de deux mots Grecs, qui signifient Bouc, et Chanson, parce que l’on donnait un Bouc pour récompense au Poète, qui avait réussi, et qui avait bien diverti le peuple par ses chants. […] La Comédie, toute informe qu’elle était alors, fit longtemps les délices de la Grèce ; ce peuple jaloux de sa liberté, écoutait avec de grands applaudissements les sanglantes satires que l’on faisait impunément sur le Théâtre, contre les principaux personnages de la République. […] Des sentiments si lâches, et ces alarmes continuelles ne conviennent guère à un Héros, que les Dieux avaient destiné pour être le Fondateur du Peuple Romain. […] Cet usage était ordinaire ; de sorte que le sage Caton, assistant un jour au Théâtre, et étant averti, que les Romains, par le respect qu’ils portaient à son caractère, n’osaient demander que les jeunes filles et les jeunes garçons parussent tout nus sur le Théâtre ; il se retira, pour ne pas priver le peuple de ce plaisir brutal, et pour n’être pas lui-même témoin de cette infamie, dont la gravité de Caton aurait été offensée. […] La Danse, compagne ordinaire des spectacles, vient à peu prés de la même source : d’abord elle était toute naturelle, et telle qu’elle s’est conservée parmi le petit peuple ; mais comme l’on raffine toujours, on en fit un art, et on y mêla une infinité de pas très subtils, et d’agréments, qui ne purent être pratiqués que par un fort petit nombre de gens ; et qui ne contribuent pas peu à amollir et à corrompre le cœur par les postures qui font la principale beauté de la Danse.