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46. (1702) Lettre de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour. Lettre de Lettres curieuses de littérature et de morale « LETTRE. de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour, qui lui avait demandé quelques réflexions sur les pièces de Théâtre. » pp. 312-410

La Comédie, toute informe qu’elle était alors, fit longtemps les délices de la Grèce ; ce peuple jaloux de sa liberté, écoutait avec de grands applaudissements les sanglantes satires que l’on faisait impunément sur le Théâtre, contre les principaux personnages de la République. […] Un acte est une partie de l’action, qui paraît interrompue sur le Théâtre, mais laquelle ne laisse pas de se continuer derrière le Théâtre, où les personnages agissent toujours, et quelquefois même plus vivement. […] L’action doit être unique, et tous les incidents ou épisodes qui la composent, tellement liés ensemble, et par conséquent tous les personnages tellement nécessaires, qu’on ne puisse en détacher aucune partie, sans ruiner le tout. […] Reconnaissance est un changement subit, par lequel les principaux personnages venant à se reconnaître, conçoivent de la haine ou de l’amitié, et en deviennent plus heureux ou plus malheureux. […] Si la disposition du sujet, ou la vérité de l’Histoire ne permet pas au Poète de récompenser la vertu, il y faut suppléer en quelque manière par les louanges, que quelques personnages considérables de la Tragédie donnent publiquement aux actions vertueuses, qui demeurent sans récompense.

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