Ne sont-ce pas là autant de sources où l’Acteur puise les différentes qualités de son action ; d’où ses mouvemens coulent dans un dégré de chaleur, d’énergie ou de modération, toujours proportionné aux modéles que le Poëme lui offre, & combiné avec le caractère écrit des personnages ? […] parce que l’un travaille dans le fond d’un cabinet, & que l’autre joue en public, les finesses dont l’un assaisonnera son jeu, ne seront point à l’autre, qui les a senties & exprimées, soit en détail, soit dans le caractère général de sa piéce & de ses personnages ? […] N’est-ce pas le Poëte qui a crée ces caractères, qui a groupé ces personnages ; & qui a imprimé sur tous les rôles cet esprit général qui les vivifie, & cause des impressions si délicieuses ? […] Nous l’avons insinué au commencement de ce Chapitre ; mais qu’il soit en état de suivre de plan que l’Auteur a tracé ; qu’il mesure son jeu au dégré de chaleur qui anime les personnages ; qu’il saisisse bien l’esprit de son rôle, qu’il joigne à cela la perfection du corps, un organe convenable aux parties qu’il embrasse. […] Car on sçait que le même Acteur représente les personnages vertueux & ceux qui ne le sont pas.