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76. (1824) Un mot à M. l’abbé Girardon, vicaire-général, archidiacre, à l’occasion de la lettre à M. l’abbé Desmares sur les bals et les spectacles, ou Réplique à la réponse d’un laïc, par un catholique pp. -16

Monsieur le Grand-Vicaire, Permettez à un fidèle du diocèse qui vous compte au nombre de ses pasteurs, de vous donner le témoignage le plus sincère de la confiance que vous lui avez inspirée, et de saisir, pour l’exprimer, une occasion qui peut-être ne se reproduira pas. […] Desmares, pour qu’il daignât nous permettre d’aller au bal et au spectacle, je n’abuserai pas, je n’userai pas même, je vous le promets, de tous les avantages que vous m’offrez. […] Au reste, je ne veux pas plus m’écarter aujourd’hui que la première fois du langage qui convient entre gens bien élevés, et je n’en serai pas moins disposé à oublier l’âpreté du vôtre : il est permis, je le conçois, de montrer un peu d’humeur quand on doit, comme vous, s’avouer intérieurement que l’on a trois fois tort. […] Vous ajoutez qu’il faut « ou quitter la partie, ou employer une force de logique telle qu’une retorque raisonnable devienne impossible. » Sans vous chicaner sur le mot retorque qui n’est pas français (vous avez cru apparemment qu’on disait la retorque comme on dit la remorque, et, après tout, un barbarisme n’est point un péché mortel, mais il fallait dire rétorsion), je vous prie de me permettre de ne point abandonner la partie, quelque grande que soit la force de votre logique ; et tout-à-l’heure nos lecteurs décideront entre vous et moi. […] Mais vous prétendez qu’un bal serait aussi dangereux aux Tuileries que dans tout autre lieu ; encore une fois, vous ne ferez croire à personne que dans le palais du Roi de France très-chrétien, les devoirs du catholique soient oubliés au point d’y permettre ce que la morale défend : on y donne chaque jour des exemples de piété, et pour prouver que le danger existe, il ne faudrait pas se borner à dire : il y a du danger.

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