Si parmi les calomnies que les Païens faisaient aux Chrétiens, on s’était avisé de leur reprocher que tandis que notre Religion condamne le Paganisme dans tous ses chefs, elle en suit la licence en plusieurs points ; qu’avec une morale austère qui donne des bornes si étroites aux plus honnêtes divertissements, elle permet les joies et les fêtes des Païens ; que ses lois toutes pures, toutes saintes qu’elles sont, ne laissent pas d’autoriser en certains temps le libertinage : et que sévère ou indulgente, selon les diverses occurrences, elle permet en certains jours de l’année la dissolution et les débauches, qu’elle défend en d’autres temps : si l’on eût osé faire cet injurieux reproche aux Chrétiens, avec quelle hardiesse, avec quelle indignation eût-on d’abord crié, et avec raison, au mensonge, à la calomnie ? […] C’est un article de foi, que le monde est son irréconciliable ennemi : et il y aura un temps où un Chrétien pourra sans honte se livrer étourdiment à tous les divertissements mondains ; un temps où il sera permis de n’aimer et ne servir que le monde. […] Alors on avouera que les maximes du monde étaient contraires à la véritable sagesse et au bon sens ; et que ces joies n’étaient pas plus permises en carnaval qu’en Carême. […] Les vieilles gens qui pourraient peut-être aller au bal sans intéresser leur conscience, seraient ridicules d’y aller ; et les jeunes gens à qui la bienséance le permettrait, ne le pourraient pas sans s’exposer à de trop grands périls.