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35. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IV. » pp. 68-81

L’Eglise ne l’a point fulminée sans raison ; dans la supposition qu’il s’y fut glissé de l’injustice, il n’est pas permis de la regarder comme non avenue ; hors le cas 1 d’une erreur évidente aux yeux de tout le monde, l’Excommunication, quelqu’injuste qu’elle soit, étant néanmoins prononcée par un Supérieur légitime, lie dans le fort extérieur, selon les Canons2, & quiconque en est frappé, doit se tenir devant les hommes, pour un Chrétien retranché de la Communion des fidéles. […] Le Théâtre des Grecs n’a rien qui l’égale : il eut été permis à ceux-ci de l’admirer ; mais elle doit inspirer de l’horreur à tout Chrétien qui déteste le blasphéme. Racine n’est pas moins hardi que Corneille : il fait tenir cet étrange langage à Hemon, pour retenir Antigone qui vouloit se rendre au Temple afin d’y consulter l’Oracle1, Ils iront bien sans nous consulter les Oracles, Permettez que mon cœur en voyant vos beaux yeux, De l’état de son sort interroge ses Dieux. […] Mais Seigneur, s’il est vrai que maître de nos cœurs, De nos divers penchants les Dieux soient les auteurs, Quand même vous croiriez que les Etres suprêmes Pourroient déterminer nos cœurs malgré nous-mêmes : Essayez sur le vôtre un effort généreux, C’est là qu’il est permis de combattre les Dieux.

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