De tout temps, cette double intolérance s’est permis trop souvent, de commettre sans pitié, sans remords et en sûreté de conscience, sous le prétexte des intérêts de la religion et de ceux de l’état, des actes d’immoralité dans tous les genres, des injustices manifestes, des forfaits inouïs, des crimes et des atrocités religieuses, inquisitoriales et politiques, qui font frémir l’humanité. […] Cette morale factice, basée sur l’impitoyable intolérance religieuse, non seulement permet les crimes, mais encore elle ordonne de les commettre pour la gloire de Dieu, en les érigeant en vertus. […] La plupart de ceux qui sortent des collèges jésuitiques, lorsqu’ils entrent dans le monde et qu’ils y occupent des postes importants, ne veulent pas que des subordonnés raisonnent, et leur permettant de s’abandonner à la morale des intérêts, ce n’est qu’à cette condition qu’ils leur accordent une orgueilleuse protection. […] Je regrette donc de terminer cette dissertation après l’avoir à peine ébauchée ; mais du moins qu’il me soit permis de répéter encore, que vouloir arrêter le développement de la civilisation et le progrès des sciences, pour ne fonder le pouvoir des princes que sur l’ignorance du peuple et sur la superstition et le fanatisme, est un conseil perfide, inspiré par le jésuitisme et essentiellement nuisible à tous les gouvernements et à tous les souverains. […] Les souverains et les gouvernements doivent donc refuser leur confiance à de pareils conseillers, à des êtres qui enseignent que le crime est permis dans l’intérêt de la religion, à des prêtres hypocrites pour lesquels la perfidie est une action vertueuse et qui en trompant les hommes prétendent servir le ciel.