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89. (1675) Entretien sur les tragédies de ce temps pp. 1-152

Dites-moi donc, je vous prie, mon cher Cléarque, quel effet pensez-vous que puisse produire la vue d’une jeune Princesse, qui ne pense qu’à son Amour, qui ne parle que de son Amour, qui cherche avec empressement celui qu’elle aime, qui se réjouit quand elle l’a trouvé, qui lui explique avec des paroles tendres et passionnées tous les mouvements de son cœur ? Quand vous les voyez seuls soupirer après le moment de leur Mariage, quand vous entendez tout ce qu’ils se disent pour se témoigner leur ardente passion, quel effet pensez-vous que cela fasse dans l’esprit des Spectateurs ? […] Jusqu’à ce qu’il fasse une pièce de cette nature, je demeurerai dans mon sentiment, et je n’en changerai qu’après avoir vu exécuté heureusement, ce que vous pensez de la Tragédie. […] Pour les Dames auxquelles vous pensez qu’un Auteur doit plaire pour réussir, comme il y en a de deux sortes, leurs jugements ne seront pas les mêmes. […] Voilà ce que je pense des Grecs.

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