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50. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VI. De la Religion sur le Théâtre. » pp. 120-142

Et ne pensez pas que les ennemis de la comédie soient les seuls à le dire ; l’Auteur des Mémoires sur la vie de Molière, ou plutôt son panégyriste, en convient. […] que penser, dans un siècle où les apparitions des morts, les possessions du Démon, les flammes de l’enfer passent pour des rêveries, bonnes, comme dit Boileau, pour amuser des enfants et des femmes, que penser d’un revenant affublé d’un linceul, que Molière fait venir sur le théâtre parler à son athée, et l’inviter à souper avec lui dans l’autre monde ? […] pense-t-il à désavouer intérieurement ce qu’il prononce avec transport ? […] Il faut penser comme l’Ange des ténèbres pour trouver de la beauté dans ces délires. […] « Ne nominetur in vobis. » Jésus-Christ assure qu’on rendra compte au jugement d’une parole inutile ; pense-t-il qu’il fera grâce aux vers, aux scènes, aux gestes, aux danses, chants, etc., très inutiles pour le moins, et certainement pis qu’inutiles ?

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