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74. (1760) Lettre à M. Fréron pp. 3-54

Paul ne pouvait donc supposer le célibat comme un état plus parfait que celui du mariage que pour ceux qui comme lui pouvaient justifier sa pensée par des qualités toutes divines et qu’il s’en faut bien que tous les Chrétiens, même de son temps, partageassent avec lui. […] Quoique l’Auteur de l’Ecole de la Raison soit assurément pénétré autant que personne des vérités de la Religion Chrétienne, il est trop trop honnête homme pour démentir Mr. de Crébillon et pour vouloir faire croire qu’il avait puisé les pensées de son Ouvrage dans les Livres Sacrés, ou dans les sermons des Prédicateurs qu’il avait entendus. […] Quoi de plus naturel cependant que ces vers dans la bouche de l’Acteur qui les prononce ; au lieu de faire une allusion absurde, un bon Chrétien ne verrait dans ces mêmes vers qu’une pensée heureuse et très propre à démontrer l’imbécilité de la crédulité Païenne. C’est sans doute des pensées de l’espèce de celle-ci que M.  […] Gresset n’ignore pas que notre Police rigoureuse et sage, non plus que nos scrupuleux Censeurs ne souffrent point dans une pièce de Théâtre l’exposition d’une maxime hardie encore moins d’une pensée téméraire, scandaleuse, extravagante, et que toute la rigueur de la justice s’appesantit sur ceux des Auteurs qui osent publier des impiétés, quelqu’heureux, quelque sonores, quelqu’éblouissants que soient les vers qui les expriment.

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