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56. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Luxe des coëffures. » pp. 115-142

Cette pensée de Martial appliquée, à un Vieillard petit maître, qui veut faire le jeune, & que la mort démasque, a été imitée par Madame des Houlieres, & appliquée à un philosophe, qui fait l’homme sage, & l’homme de bien. […] Le tour de Rousseau est plus brillant, mais ce n’est que la même pensée, que le tour a rajeunie. Tout est dit, le tour, le style qui semblent diversifier la pensée, & en donner des nouvelles, ne sont qu’une espece de fard ; quand on les en dépouille pour les reduire à leur juste valeur, on peut bien dire le masque tombe l’homme reste, la nouveauté s’évanouit. Tout le théatre n’est lui même qu’une espece de fard, non seulement parce que acteurs, actrices, danseuses, figurantes, & tout ce qui y paroit, est réellement fardé, & même un grand nombre des spectateurs & des spectatrices, jusqu’aux personnages des peintures & des tapisseries ; mais parce que tout l’appareil de la scéne & tout l’art Dramatique n’est que du fard ; geste, déclamation, chant, danse, habit, décoration, tout cela ne fait que farder quelques pensées communes, qu’il fait valoir, & qui dépouillées de tout cet extérieur imposant se réduisent à rien. […] Saint Clément emploie la même pensée que Martial, qu’il a peut être pris de lui, & qui est belle, il change le nom de Proserpine, & ne parle que de la mort : quittez, dit-il, ces hommes effeminés, qui se peignent les cheveux, les chargent de pommades & des couleurs étrangeres, & de toute la toilette des femmes ; ils croient pouvoir, comme le serpent, dépouiller leur vieille peau, & se rajeunir par le fard.

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