Et afin de nous restreindre à celles desquelles l’abus continue en notre temps : pource qu’entre les spectacles, contre lesquels plusieurs Anciens serviteurs de Dieu, ont déclamé, il y en a qui ne se pratiquent plus, aussi n’en parlerons-nous point : comme ceux des gladiateurs et escrimeurs à outrance, des combats d’hommes contre les bêtes sauvages ; des luttes et des courses à cheval et en chariots, dedans les arènes des cirques et Théâtres : combien qu’en plusieurs de ces jeux, ôté ce qu’ilsm étaient consacrés aux Dieux des Gentils, il y eût moins de danger de corruption, excepté en ceux auxquels les spectateurs prenaient plaisir à voir épandre le sang, et déchirer les hommes, s’accoutumant à la cruauté : Car pour les courses, elles pouvaient avoir leur utilité, et servir d’exercices préparatoires à une juste guerre, et n’y avait rien de soi, qui attirât les spectateurs à quelque mauvaise pensée, ou convoitise désordonnée ; où il n’y avait point de paroles qui jetassent dans le cœur par les oreilles, quelque ordure, ou quelque profanation, ni des gestes lascifs et impudiques : où se voyait seulement une agilité et adresse de ceux qui y étaient exercés, et qui à l’envi tâchaient d’emporter le prix. […] Or combien, qu’entre les sens, celui de l’attouchement, le plus ordinairement, serve aux appétits de la chair, et aux voluptés qui découlent de la convoitise d’icelle, laquelle par son moyen est principalement provoquée, si est-ce que les autres sens y contribuent aussi beaucoup, et que leurs opérations servent de préludes et d’aiguillons, à celles du toucher : car les paroles et gestes, qui sont représentés aux oreilles et aux yeux, sont autant de semonces aux pensées et actes impudiques qui les suivent souvent ; et marques et indices d’une inclination et disposition à les faire, quand elles sont reçues avec plaisir et contentement. […] C’est ce qui attire la plupart des spectateurs, et à quoi ils prennent le plus grand plaisir ; quand on leur met devant les yeux des beautés attrayantes, ou vraies, ou feintes et fardées ; et que par les images des vices, et le rapport qui en est fait, joint à l’imitation, la convoitise est embrasée, les tromperies et souplesses des amoureux enseignées ; les passions représentées, et éveillées ; afin que par ces feintes, les spectateurs semblent se trouver présents, où les choses se font en effet, et les avoir devant leurs yeux, et en la pensée. […] Comment se peut plaire en ces images d’impudicité, celui qui ne doit pas même avoir les vices en la pensée ? […] Tous autres crimes prennent presque chacun leur part en nous ; comme les sales pensées, l’âme ; les regards impudiques, les yeux ; les mauvaises paroles, saisissent les oreilles : tellement que s’il y a de l’erreur en l’une de ces parties, les autres peuvent être sans péché : Mais ès Théâtres, il n’y en a pas une innocente ; pource que l’âme y est souillée de convoitises, et les oreilles de ce qu’elles oient, et les yeux, de ce qu’ils regardent.