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113. (1731) Discours sur la comédie « TROISIEME DISCOURS » pp. 304-351

Et pourrait-on même se promettre après toutes sortes de précautions, que cette Histoire ne s’altérerait point dans des esprits, qui sont toujours amollis par des pensées tendres et délicates. Nous pouvons voir quelles pensées l’Histoire de Judith fera naître au Théâtre, par celles que la nouvelle Tragédie a développées dans l’Ecriture. […] » Au lieu, dis-je, de ces paroles et de ces sentiments, qui marquent si bien que Dieu lui avait fait voir par avance ce qui devrait arriver, on la représente comme une femme troublée par des doutes, occupée de pensées toutes charnelles, et partagée entre la honte, la complaisance, la vaine gloire, et la vue affreuse des derniers désordres ; car c’est ainsi qu’on la fait parler. […] que dira-t-on du Dieu de la Judée ; Si par un artifice infâme et criminel, Il faut perdre Holopherne, et sauver Israël. » C’en est trop pour voir quelles pensées ces sortes de sujets font naître à des personnes qui fréquentent le Théâtre, et combien ils s’altéreront dans leur esprit.

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