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112. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE IV. Le vice élevé en honneur et substitué à la place de la vertu sur le Théâtre Anglais. » pp. 240-301

 » Il ajoute que la plainte générale d’aujourd’hui est que les Ecrivains n’ont rien de Poète que le nom ; que la poésie et en particulier celle du Théâtre ne met plus en œuvre que l’obscénité, la profanation et la licence effrénée d’outrager Dieu et les hommes : il confesse que cette plainte n’est que trop bien fondée, et marque une extrême douleur de ne pouvoir pas la démentir : il se flatte pourtant que tous ses confrères ne sont pas embarqués dans cette horrible entreprise de se damner. « A mon égard, poursuit-il, j’ose avancer, et je le fais sur le témoignage sensible de ma conscience, que j’ai toujours tremblé à la moindre pensée d’impiété et que j’ai toujours frémi des ordures qui sont aujourd’hui l’aliment du Théâtre.… Quel homme raisonnable, ou quel homme bien né ne rougit pas d’enflammer ainsi la convoitise ? […] Cet habile Rhéteur n’exclut pas seulement toute saleté grossière du genre railleur, il en retranche même sans exception toute mauvaise équivoque : il veut « de l’honnêteté dans la pensée aussi bien que dans les mots qui l’expriment : il veut qu’un homme de probité conserve je ne sais quelle pudeur jusques dans les petites libertés qui lui échappent, et qu’il parle toujours avec retenue et conformément à son caractère : il ajoute que le ris coûte trop cher si on l’achète aux dépens de la vertu : » Instit. […] Le repentir d’Œdipe et de Jocaste dans Sophocle est d’une autre nature : l’horreur dont leur reconnaissance a été la source reste toujours dans leur esprit : il ne leur échappe aucun désir de rechute : il ne leur revient de leur première passion aucune pensée criminelle. […] Emmeline héritière du Duc de Cornwall était aveugle ; Albanact tire de là cette pensée ingénieuse : « Que tout aveugle qu’est Emmeline, Coswald en l’épousant ne ferait pas un marché borgneas.

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