Ensuite ceux qui sont restés parlent d’affaire, et exposent qu’ils sont en peine de faire achever un mariage, qui est arrêté depuis longtemps, d’un fort brave Cavalier avec la fille de la maison, et que pourtant le Père de la Fille diffère fort obstinément ; ne sachant quelle peut être la cause de ce retardement, ils l’attribuent fort naturellement au principe général de toutes les actions de ce pauvre homme coiffé de Monsieur Panulphe, c’est-à-dire à Monsieur Panulphe même, sans toutefois comprendre pourquoi ni comment il peut en être la cause. […] Cela arrêté, Dorine les fait partir chacun de leur côté, avec plus de peine qu’elle n’en avait eu à les retenir, quand ils avaient voulu s’en aller un peu devant. […] La pauvre Dame qui n’a plus rien à objecter, est bien en peine de ce que son mari ne sort point de sa cachette, après lui avoir fait avec le pied tous les signes qu’elle a pu ; enfin elle s’avise pour achever de le persuader, et pour l’outrer tout à fait, de mettre le Cagot sur son chapitre. […] Comme Panulphe voit que ces charmes ordinaires ont perdu leur vertu, sachant bien que quand une fois on est revenu de ces entêtements extrêmes, on n’y retombe jamais ; et pour cela même voyant bien qu’il n’y a plus d’espérance pour lui, il change de batterie, et sans pourtant sortir de son personnage naturel de Dévot, dont il voit bien dès là qu’il aura extrêmement besoin dans la grande affaire qu’il va entreprendre ; mais seulement comme justement irrité de l’outrage qu’on fait à son innocence, il répond à ces menaces par d’autres plus fortes, et dit que « c’est à eux à vider la maison dont il est le maître » en vertu de la donation dont il a été parlé ; et les quittant là-dessus, les laisse dans le plus grand de tous les étonnements, qui augmente encore lorsque le bonhomme se souvient d’une certaine cassette, dont il témoigne d’abord être en extrême peine, sans dire ce que c’est, étant trop pressé d’aller voir si elle est encore dans un lieu qu’il dit ; il y court, et sa femme le suit.