/ 303
31. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Septième Lettre. De la même. » pp. 73-99

Les agréables accords de la Musique transportent son âme ; ils lui peignent la divine harmonie des productions du Souverain Etre, & le remettent à l’unisson avec tout lui-même : la Danse ajoute à l’agréable sensation que produit la Musique ; ce dernier art est une émanation du premier : il réalise aux yeux, ce que les sons font percevoir à l’oreille ; une joie délicieuse, redoublée se glisse par deux sens à la fois dans son âme ravie. […] Mais, avec quel avantage n’établit-on pas l’utilité morale de nos Spectacles, s’il est certain, que le but de la plupart des Pièces modernes, est de nous peindre la Vertu toujours aimable, & de rendre le vice toujours odieux ? […] Je sais que ces deux petites Comédies ne peignent qu’une innocente tendresse dans l’amant ; mais l’amante fort des bornes, & des Représentations de ce genre, doivent être interdites aux jeunes filles dont on veut que le cœur ne reçoive des loix que d’une raison sage & soumise. […] … Tu sais mes conjectures : ce soir je verrai : je veux lui ménager un tête-à-tête… Adieu : Monsieur Des Tianges, qui paraît, t’embrasse un million de fois : & moi, chère Ursule, je ne saurais te peindre la vivacité de mes sentimens pour toi. […] Tels sont les Ménechmes, le Légataire, &c. ces Pièces, où l’on trouve un excellent comique, & qui peuvent servir de modèle pour l’économie théâtrale, sont néanmoins du genre le moins utile ; elles ne rendent pas assez odieux le vice qu’elles peignent ; elles ne peuvent qu’exciter le rire, & faire naître une stérile admiration.

/ 303