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67. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE VII. Quelle doit être la Comédie après la réformation du Théâtre. » pp. 69-85

Au reste, quand même la Comédie moderne nous exposerait la passion d’amour, telle qu’Héliodore nous la dépeint entre Théagene et Chariclée, je ne croirais pas encore qu’elle pût être d’aucune utilité pour les mœurs, comme quelques uns le prétendent. En effet, quelque air de sagesse et de modestie que l’on puisse donner à cette passion, elle aura toujours trop d’empire sur le cœur des hommes, pour ne pas faire une impression dangereuse sur les Spectateurs. […] 7 Enfin les sujets des Comédies pourraient être en aussi grand nombre qu’il y a de vices et de passions inséparables de quelque ridicule. […] Le Prince chérissait ce Courtisan ; il fut touché de le voir le jouet et la victime d’une passion honteuse, et chercha tous les moyens de le guérir. […] L’action de la Pièce était un Vieillard amoureux : le Courtisan s’y trouva peint d’une manière à ne pouvoir se méconnaître ; et, surtout lorsqu’il entendit, sur la Scène, la lecture des Lettres qu’il avait lui-même écrites à sa Maîtresse, il en fut si honteux, qu’il renonça dans le moment, et pour toujours, à sa passion.

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