Et n’est-on pas contraint de supposer qu’une autre fille aime éperdument le jeune Prince qui a une passion violente pour la Sainte ; et qu’une mère furieuse n’épargne pas le sang de cette Sainte pour satisfaire la passion de cette pauvre malheureuse ? La Sainte même dans la suite de la pièce vient enfin à découvrir la passion secrète qu’elle a pour un jeune homme : et quoique l’auteur la lui fasse combattre, elle ne laisse pas néanmoins de donner lieu à ceux qui l’entendent de justifier en eux-mêmes par son exemple la passion qu’ils ressentent, et de l’entretenir sous prétexte de n’y vouloir point consentir. […] Les Chrétiens de ce temps-ci sont-ils moins obligés que ceux du temps de Tertullien, à quitter les passions du siècle, et à mortifier en eux les désirs qui les portent à la recherche des plaisirs et des divertissements ? […] Est-ce l’adresse des Comédiens à exciter en eux-mêmes et dans les autres des passions criminelles ? Est-ce l’industrie avec laquelle les airs sont accommodés aux sujets, et rendus propres à fortifier ces mêmes passions ?