L’Université de Paris, autrefois, dit-on, si fameuse, passe communément pour avoir beaucoup perdu de son ancien éclat. […] Quand les plus célébres Poëtes ont médité les principes de l’art toute leur vie ; quand ils ont passé les jours & les nuits à consulter les Anciens, à se nourrir des beautés de leurs ouvrages ; quand ils ont puisé les plus grands traits de leurs Poëmes dans ces sources ; quand après des refléxions profondes, des veilles opiniâtres, & avec un génie brillant, ils se sont à peine crus en état de porter ce noble fardeau, & n’ont proposé leurs découvertes qu’avec modestie, & que comme des doutes ; nous verrons des enfans sans principes, sans connoissances, s’abandonner à une yvresse aveugle, & se croire supérieurs à tout ce qu’exige le Théatre ? […] Le siécle passé étoit fertile en grands hommes, dont les chefs-d’œuvres enlevent notre admiration ; mais nous nous amusons aussi de ce que le notre produit. […] Il y a encore des gens qui ont vu Quinaut Dufresne & Le Couvreur, & qui vont au Spectacle aujourd’hui, quoiqu’ils sentent la différence de ces Comédiens aux notres Leur pardonneroit-on de refuser d’entendre ceux-ci, parce qu’ils sont inférieurs à ceux du tems passé ?