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159. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VIII. Du Clergé comédien. » pp. 176-212

Le jeune Abbé passa plusieurs années auprès d’un oncle, homme de mérite, Chanoine régulier, Prieur & Grand Vicaire dans le Diocese d’Usez ; il eut la bonne foi de refuser un Bénéfice considérable ; les principes de vertus qu’il venoit de recevoir n’étoient pas encore effacés ; il sentit combien son goût pour le théatre étoit opposé a la sainteté de cet état, & à la jouissance des revenus ecclésiastiques. […] Quelle que soit sa réputation, les richesses littéraires de l’Abbé de Voisenon, (elles sont médiocres, & ne passeront pas à la postérité,) je les oublierai toutes dans ce moment, (ceci est vraiement Episcopal,) pour ne songer qu’à sa mort édifiante. […] Certain Abbé sûr de passer la vie & sans verve & sans Abbaye, brigue, obtient dans l’Epée un poste bien renié, & Barbesieux par cette grace délivre en même-temps l’Eglise & le Parnasse d’une grande incommodité. […] C’est son portrait fait par lui-même, où l’on voit qu’il a passé sa jeunesse dans des désordres de toute espece ; qu’il se menage dans sa vieillesse, parce que ses organes blasés se refusent à ses transports ; qu’en vieux pécheur toujours Epicurien, n’aimant que la volupté, porte dans le tombeau, comme dit le Prophete, tous les vices de son jeune âge qui ont infecté toute sa vie. […] Il y en a fort peu en France qui passent comme lui de la Scène au Chœur & du Chœur à la Scène ; ce ne sont que des Abbés à Bénéfices simples : La gêne du Chœur n’est pas de leur goût, une Paroisse le seroit encore moins.

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