.° Les pièces composées dans le bureau de l’Eminence, et par elle en partie, étaient, comme de raison, pleine d’éloges flatteurs « du Ministre, du ministère, du pouvoir absolu des Rois, même sur leurs plus proches », la Reine douairière, le Duc d’Orléans, le Comte de Soissons, (Bibliothèq. de Sorel) : quels sons plus harmonieux pour son oreille ! […] « Afin que l’Académie pût juger, ses statuts voulaient que l’autre partie, c’est-à-dire Corneille y consentît. » Ce consentement ne fut pas aisé à obtenir. Corneille avait trop forte partie pour espérer de gagner le procès, sa gloire ne pouvait qu’y perdre ; sa pièce n’était pas sans défauts, ses lauriers n’étaient pas à l’abri d’une critique raisonnable ; il était de son intérêt de ne pas s’exposer au risque de les voir flétrir. […] Les Académiciens, fort embarrassés, représentaient, « que la Compagnie, qui ne faisait que de naître, ne devait pas se rendre odieuse par un jugement qui peut-être déplairait aux deux parties, et ne pouvait manquer d’en désobliger au moins une, et une grande partie de la France ; qu’à peine pouvait-on souffrir sur la simple imagination qu’elle prît quelque empire sur la langue, que serait-ce si elle entreprenait de l’exercer sur un ouvrage qui avait l’approbation publique ? […] Cette diversion cachait même en partie ses projets, il agissait d’autant plus sûrement qu’on se défiait moins ; on le croyait occupé d’une représentation pour laquelle on le voyait si empressé, et on était moins en garde.