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321. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE V. Des Comédiens. » pp. 156-210

On paie mal une partie des sujets nécessaires ; on les abandonne à la dépravation de leurs mœurs ; on la protège même en quelque sorte, pour les dédommager du peu de salaire qu’on accorde à leurs talents. […] Chacun des arbitres est ordinairement intéressé dans la question : Juge et partie tout ensemble il prononce donc comme le veut son amour propre et son intérêt. […] Les manœuvres de la Chicane, les friponneries de la Finance, les fourberies du Commerce, la rapacité des uns, les banqueroutes des autres, le libertinage clandestin de tous, sont sans doute aussi condamnables que l’inconduite d’une partie des gens de spectacle. […] Ceux qui invitent à leur table une chanteuse des Chœurs ou une figurante des ballets de l’Opéra, ou toute autre femme de Théâtre qui n’a pas des talents distingués, n’invitent que rarement les hommes à ce repas ; ils y seraient de trop, eu égard à l’objet de la partie, et aux amusements qui suivront le dessert : vous pouvez penser de ces Grands-là tout ce qu’il vous plaira ; mais ceux qui invitent aussi bien les Comédiens que les Comédiennes, dont la table est toujours environnée de Dames vertueuses et d’hommes respectables, n’ont assurément pas le même objet que les premiers lorsqu’ils admettent un Acteur ou une Actrice célèbres à ce Cercle.

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