On s’arrangea avec elle pour ses pensions dont on lui paya une partie, elle s’en retourna comme elle étoit venue. […] Je me représente l’assemblée des États où cette abdication fut reçue comme une véritable farce de la foire, une salle magnifiquement ornée, un trône superbe ; tous les États affublés de leurs habits de cérémonie, couverts de leurs fourrure ; la Reine la couronne sur la tête un globe à la main comme la maîtresse du monde (quoique la Suède n’en soit pas la centième partie, mais ridicule d’usage, plusieurs Rois en sont décorés) elle monte gravement sur son trône pour annoncer sa volonté suprême & dernière ; les États qui le désiroient avec ardeur lui font des protestations de fidélité & des prières pressantes de ne pas se demettre. […] On prétendoit ne rien payer si elle se faisoit Catholique ; on négocia, on accorda bien de choses de part & d’autre, on craignoit qu’elle ne changeât, ce qui auroit pu faire une guerre civile, mais dans la suite elle fut si mal payée de ses pensions qu’elle n’avoit pas de quoi vivre, elle revint en Suède pour les demander, & en obtint une partie jusqu’à sa mort. […] Ce qu’ils débitent à la Cour, ce qu’ils chantent aux femmes, dicté par l’amour où l’intérêt où la puérilité de la galanterie en est la partie la plus frivole.