Et si l’Histoire le considere davantage par le nom de Cid, & par ses exploits contre les Maures, le Théatre l’estime beaucoup plus par sa passion pour Chimene, & par ses deux combats particuliers ». […] Il doit faire assaut de sagesse & de vertus avec les Solon, les Lycurgue, les Pittacus ; il faut qu’il s’attache immuablement aux Loix ; non à ces Loix faites subitement & pour des cas particuliers, à ces Loix modernes, ouvrages de Législateurs qui n’ont pas toujours vécu selon les principes de la raison, mais aux Loix dictées par des hommes sages qui s’étoient purifiés l’esprit & le cœur. […] Cet Auteur vouloit qu’on se rapprochât du goût des Athéniens, chez qui le Théatre servoit non seulement à encourager la vertu, mais encore en des cas particuliers pour des vues politiques ; & il en cite cet exemple : « Les Tyrans d’Athenes craignant la grande vénération que le peuple avoit pour Socrate, & voulant le condamner à la mort comme coupable d’avoir découvert au peuple les mysteres les plus cachés de la philosophie, ne se hazarderent point à le faire, avant qu’Aristophane l’eût tourné en ridicule en ses Comédies ; afin qu’après l’avoir décrédité dans l’esprit des gens, ils le pussent faire mettre en prison & le condamner à la mort sans danger ». […] En voici quelques traits rapportés dans l’Ouvrage de Collier : « Plusieurs pieux Bourgeois & autres personnes de considération bien intentionnés pour la Ville de Londres, considérant que les Comédies & les Jeux de hazard étoient des piéges tendus à la jeune Noblesse & autres, & voyant de grands inconvéniens, tant pour les Particuliers que pour toute la Ville, si on les permettoit davantage, & que ce seroit une honte aux Gouverneurs et au Gouvernement de cette honorable Ville de Londres, de les souffrir plus long-temps, en ont averti quelques religieux Magistrats, les suppliant de prendre les moyens de supprimer les Comédies, & dans la Ville de Londres & dans ses dépendances ; lesquels Magistrats ont sur cela présenté une humble Requête à la Reine Elizabeth & à son Conseil privé, & ont obtenu de S.M. la permission de chasser les Comédiens de la Ville de Londres & de ses dépendances ; ce qui a été conformément exécuté, & les Salles de la Comédie de la Rue Grace-Church furent interdites & entiérement détruites. » On a de Charles Powei, Ecrivain Anglois, un Ouvrage politique qu’il donna en 1701, sous ce titre : The Unhappiness of England as to its Trade by Sea and Land truly stated, &c.