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430. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre V [IV]. De la Chaussure du Théâtre. » pp. 115-141

C’étoit comme les souliers blasonnés dont nous avons parlé. […] Ce seroit tout au plus dans les allées sablées des jardins, & sur les rivages des petits ruisseaux qui roulent leurs flots argentés dans une prairie émaillée de fleurs, qu’une amante pourroit écrire ses tendres langueurs ; mais le dessus du soulier en est presque toujours barbouillé par la broderie & l’ingénieux agencement des rubans & des pompons, qui multiplient & diversifient à l’infini ces signes insensés d’une passion criminelle, comme la marchande de fleurs, Glicera, dont les anciens vantent l’art inépuisable de faire des bouquets & des guirlandes de fleurs, & les femmes du Serrail qui parlent avec des fleurs. […] L’Esprit Saint, qui pour le bien de l’homme daigne s’abaisser jusqu’à parler son langage, & entrer dans le détail de ses mœurs, nous avertit du danger de cette tentation, & nous fournit des objets pour les combattre. […] Ce n’est qu’une figure de la beauté intérieure de l’ame, & des ornemens des vertus, dont il veut qu’elle soit couverte : & c’est dans ce sens qu’il parle de la nécessité de laver les pieds, pour se préparer à la communion ; ce qui ne fut jamais pris à la lettre, mais comme une leçon de la pureté de l’ame dans les moindres choses : Qui lotus est non indiget, nisi ut pedes lavet.

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