Ceux qui dans les temps anterieurs faisoient profession de piété, n’en ont parlé qu’avec horreur ; & tous ont reconnu que le Théâtre ne s’accordoit point avec le Christianisme. […] L’esprit s’y apprivoise peu à peu ; on apprend à la souffrir, à en parler, & l’ame s’y laisse aller. […] Elles excitent en nous des mouvemens semblables à ceux qui tombent sous nos yeux ; & c’est-là le but des Acteurs : car la fin qu’ils se proposent, c’est de plaire à ceux qui les écoutent ; & pour leur plaire ils exposent des sentimens qui s’accordent avec la corruption de ceux à qui ils parlent : & comme ils parlent à des gens dont la plupart ont l’esprit perverti, & le cœur gâté, ils leur representent des emportemens violens, ou de vengeance, ou de jalousie, ou d’ambition : ils joignent à cela de pernicieuses maximes, capables de corrompre les ames les plus innocentes. […] La pauvreté, la patience, l’humilité n’ont rien dont la représentation puisse divertir ceux qui aiment les Comedies : aussi n’en parle-t-on jamais dans ces spectacles prophanes : il y faut quelque chose de plus vif, qui se sente d’une fausse grandeur, d’un amour aveugle, ou de quelque pareil sujet ; & c’est ce qui ne s’accorde point avec la sagesse chrétienne.