/ 598
71. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PRÉFACE. » pp. -

J’avoue donc avec sincérité que je sens dans toute son étendue le grand bien que produirait la suppression entière du Théâtre ; et je conviens sans peine de tout ce que tant de personnes graves et d’un génie supérieur ont écrit sur cette matière : mais, comme il ne m’appartient pas de prendre le même ton, et que d’ailleurs les Spectacles sont permis et soutenus par l’autorité publique, qui sans doute les permet et les soutient par des raisons que je dois respecter, il serait indécent et inutile de les combattre dans l’idée de les détruire : j’ai donc tourné mes vues d’un autre côté ; j’ai cru que du moins il était de mon devoir de produire mes réflexions, et le plan de réformation que j’ai conçu pour mettre le Théâtre sur un autre pied, et pour le rendre, s’il est possible, tel que les bonnes mœurs et les égards de la société me paraissent l’exiger : c’est ce que je ne pouvais entreprendre dans le temps que j’étais Comédien, pour les raisons que l’on trouvera dans le corps de mon Ouvrage. […] J’ai voulu me frayer un chemin et pressentir en quelque sorte le goût du Public, avant que de m’expliquer ouvertement ; et c’est dans cette vue que j’ai donné mes Observations sur la Comédie et sur le génie de Molière b : On a paru n’être pas mécontent des réflexions semées dans cet Ouvrage, et on a bien voulu me tenir compte d’avoir choisi Molière pour modèle des préceptes que j’ose y donner. […] Cette réserve et ces ménagements m’avaient paru nécessaires ; mais enfin je donnais mon dernier Ouvrage qui a pour titre, Réflexions historiques et critiques sur les différents Théâtres de l’Europe d ; c’est là où je dévoile mes sentiments, en faisant voir le besoin qu’ont tous les Théâtres d’être réformés, et en promettant au Public l’Ouvrage que je donne aujourd’hui.

/ 598