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44. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE VI. Où l’on examine si le Bal public proposé par M. Rousseau ne serait pas plus préjudiciable aux mœurs de Genève, que le spectacle qu’il proscrit. » pp. 211-224

Tout ce travail vous aurait paru de trop, si vous aviez été bien sûr de l’impuissance de Genève à soutenir un spectacle. […] Si votre allégation vous eût paru vraie, elle vous aurait semblé en même temps la meilleure et la seule utile, parmi toutes celles que vous employez. […] J’en doute : car, aux yeux de tous ceux-ci et des autres gens du monde, l’ivrognerie a toujours paru un vice atroce et déshonorant. […] Tels sont les plaisirs que vous préférez cependant au spectacle ; la médisance des femmes, l’ivrognerie habituelle des hommes, vous paraissent moins dangereux pour les mœurs que la vue d’un spectacle décent, où la Magistrature aurait eu l’attention d’établir la modestie, le respect et la décence, tant de la part des Acteurs que de celle des spectateurs. […] Je vous répète pour finir que, si parmi toutes vos objections, vous trouvez que j’en aie négligé quelques-unes qui vous paraissent des plus fortes (car j’en ai négligé beaucoup pour n’être pas obligé, comme je vous l’ai dit, de faire un in-Folio) vous me trouverez toujours prêt à répondre.

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