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99. (1772) Sermon sur les spectacles. Pour le Jeudi de la III. Semaine de Caresme [Sermons pour le Carême] « Sermon sur les spectacles » pp. 174-217

Jean Chrysostôme assure & prouve être péchés. Ces abominations grossieres, ce n’étoient pas, sans doute, ces chef-d’œuvres de l’Antiquité, dont notre siecle a emprunté ce qui a paru de plus merveilleux sur nos théâtres ; & ce sont ces chef-d’œuvres de l’antiquité, que Tertullien, Saint Augustin, Saint Clément d’Alexandrie nomment dans le détail, & dont les représentations sont traitées par Tertullien d’inventions diaboliques, auxquelles Saint Augustin s’accuse d’avoir assisté, comme d’un des plus grands péchés & de la source même de tous les péchés de la jeunesse, & que Saint Clément d’Alexandrie défend à tout Chrétien sans réserve & sans exception. […] L’intrigue n’est pour vous qu’un amusement ; vous regardez les rendez-vous les plus concertés comme un délassement d’esprit ; vous traitez la liberté, la licence des conversations de gaiété, de sel & d’enjouement aimable ; & tout ce que les saints Peres ont appellé voie du péché, occasion du péché, avant-coureur du péché, tout cela passe parmi vous pour politesse, belles manieres ; voilà votre innocence. […] Et quand il seroit vrai, ce que vous dites à présent, que vous êtes toujours sortis innocents du spectacle, encore faudroit-il conclure avec un grand Docteur : Premiérement, qu’à raison du scandale, autorisant par votre exemple des personnes qui peut-être y périront, & dont Dieu vous redemandera les ames ; secondement à raison du danger auquel vous vous exposez, danger moindre si vous voulez, pour vous que pour d’autres, mais toujours vrai danger pour vous, c’est toujours un vrai péché, un péché grief pour vous, qui que vous soyez, d’y assister.

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