/ 533
139. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Traité de la comédie et des spectacles » pp. 1-50

Traité de la comédie et des spectacles La critique ordinaire de la Comédie fonde ses jugements sur l'application qu'elle fait des règles de la poétique aux ouvrages des particuliers dont elle prétend découvrir les défauts, ou les beautés. […] Comme ces personnes ne sauraient nier les principes de notre Religion, c'est à elles que j'adresse particulièrement cet ouvrage; j'espère leur prouver que la Comédie, en l'état qu'elle est aujourd'hui, n'est pas un divertissement innocent comme ils se l'imaginent, et qu'un chrétien est obligé de la regarder comme un mal. […] Mais pour pousser encore davantage cette matière sans sortir pour cela des bornes de la vérité, peut-on appeler tout à fait honnêtes des ouvrages dans lesquels on voit les filles les plus sévères écouter les déclarations de leurs amants, être bien aise d'en être aimées, recevoir leurs lettres et leurs visites, et leur donner même des rendez-vous ? […] Mais en vérité, y a-t-il rien de plus sec et de moins agréable que ce qui est de saint dans cet ouvrage ? […] Le récit même de la défaite des Mores y est fort ennuyeux, et peu nécessaire à l'ouvrage, étant certain qu'il n'y avait nulle rigueur en ce temps-là contre les duels, et n'y ayant pas d'apparence que la sévérité du Roi de Castille fût si grande en cette matière contre la coutume de son siècle, qu'il n'en pût bien pardonner deux par jour, même sans le prétexte d'une victoire aussi importante que celle-là.

/ 533