Les François parurent avoir oublié qu’ils étoient des êtres pensans, obligés de cultiver leur raison, & de s’occuper de choses sensées, pour s’abandonner entiérement à de vaines imaginations, & à tout ce qui caractérise l’enfance. […] Delà encore, cet essain toujours renaissant de Poëtes épiques, tragiques, comiques, lyriques, graves, badins, galans, élégiaques, sérieux, burlesques, dont la seule nomenclature formeroit un gros Volume ; mais dont les productions oubliées, pour la plûpart, ne méritent de tenir place que dans les Archives de la flatterie & de la sottise. […] Vous avez compris qu’il y auroit de l’indécence à obliger une jeune Personne, à révéler, à une Assemblée respectable, des secrets qu’elle rougit de s’avouer à elle même ; mais auriez-vous oublié cette maxime d’un Ancien, que les choses honteuses à faire ne sont jamais bonnes à dire, encore moins à représenter ? […] Enfin, que peuvent faire de mieux, ceux qui vont vous entendre, que d’armer leur cœur contre des impressions funestes à leur repos, & d’oublier si parfaitement ce qu’ils viennent d’apprendre, qu’il ne leur en reste aucun souvenir en rentrant dans le sein de leurs familles ? […] Il n’y auroit presque point à craindre qu’on les oubliât promptement : les détails de la vie y rameneroient sans cesse ; & l’expérience journaliere, plus éloquente que les Maîtres, acheveroit la conviction.