Pour juger de l’efficacité de leur auguste et touchant ministère, rappelons-nous ces assemblées périodiques, où tous les rangs confondus venaient autrefois arroser l’autel, des larmes de la véritable pitié ; où tous les cœurs, embrasés du feu sacré de la charité chrétienne, oubliaient leur propre malheur, pour contribuer au soulagement des autres. […] Dans la crainte de se laisser entraîner par l’orgueil, Esope conservait précieusement ses habits d’esclave pour ne jamais oublier son ancien état. […] Si c’est par un sentiment de vertu, il faut convenir qu’elle le porte loin, et que parmi nos belles parvenues qui s’oublient si souvent, et nous accablent de leur sotte et stupide impertinence, elle aura peu d’imitatrices. […] Pardonnant ces indignes faiblesses à la triste humanité, il n’en servira qu’avec plus de zèle encore ses véritables intérêts, il oubliera jusqu’à l’éclat de sa propre gloire, pour mieux s’immoler au bien public. […] Et de tant de mortels à toute heure empressés A nous faire valoir leurs soins intéressés, Il ne s’en trouve point qui, touchés d’un vrai zèle, Prennent à notre gloire un intérêt fidèle, Du mérite oublié nous fassent souvenir, Trop prompts à nous parler de ce qu’il faut punir. » Racine, dans Esther, scène 3, acte 2.