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95. (1834) Discours sur les plaisirs populaires « Discours sur les plaisirs populaires, les bals et les spectacles » pp. 1-33

Et comment oserait-on prescrire à l’homme l’emploi qu’il doit en faire, lorsque Jésus-Christ a dit : « Le sabbat a été fait pour l’homme, et non pas l’homme pour le sabbat 1 » ? […] « En quoi Dieu est-il offensé par un exercice agréable, salutaire, propre à la vivacité des jeunes gens, qui consiste à se présenter l’un à l’autre avec grâce et bienséance, et auquel le spectateur impose une gravité dont on n’oserait sortir un instant ? […] » Que ajouter à ce tableau de mœurs, de mœurs pures et innocentes, et de quel autre coloris oserais-je essayer de l’embellir ? […] Dans la tragédie, les peuples apprennent à connaître et à juger les passions des hommes élevés, pour ainsi dire, au-dessus de l’humanité, que les lois ne peuvent atteindre, et qui, le plus souvent, se livrent à ces passions avec d’autant plus d’abandon et de fureur, qu’ils ne sont retenus par aucun frein et qu’ils y sont excités, poussés par de vils courtisans qui, comme le dit Phèdre dans son désespoir : …« Par de lâches adresses Des princes malheureux nourrissent les faiblesses, Les poussent au penchant où leur cœur est enclin, Et leur osent du crime aplanir le chemin. […] Cet Alceste d’une vertu si austère qui hait les hommes, « Les uns parce qu’ils sont méchants et malfaisants Et les autres pour être aux méchants complaisants, Et n’avoir pas pour eux, ces haines vigoureuses, Que doit donner le vice aux âmes vertueusesy. » Et ce Tartufe.… (ici, Molière n’a point osé montrer son héros sous son véritable manteau), mais ce Tartufe enfin, spéculant sur la femme et la fortune du dévot qu’il a séduit par un faux dehors de piété.

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