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92. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 2-36

Les Italiens en auroient été charmés, mais les François peu faits à l’impromptu, froncent les sourcils, & n’osent l’entreprendre, ils sont si modestes ! […] Ce sage réglement est fort mal observé dans les provinces par la foiblesse ou l’inattention des Magistrats, on n’ose pas les soupçonner d’irréligion. […] La seconde représentation qu’on osa risquer, ne fut pas plus heureuse, quoiqu’il eût fait bien de corrections, ces malheurs lui sont communs avec plusieurs autres, même d’un plus grand nom que lui. […] L’auteur n’a pas osé faire imprimer sa piéce ; le public craint fort d’en être privé à jamais, il en est inconsolable, & le poëte aussi ; elle ne vaut pas mieux, mais elle est moins licencieuse que le poëme des sens dont l’obscénité a fait sa fortune. […] Les siffleurs ne voulurent ni rire ni pleurer ; ce qui donna lieu à ce refrain d’un vau-de-ville entre Richard & les trois Roses, décide si tu peus, & choisis si tu l’oses  ; ni l’une ni l’autre n’ont encore fait gémir la presse, & si l’auteur est sage, elles demeureront dans son porte-feuille.

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