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29. (1758) Lettre à M. Rousseau pp. 1-42

J’ose le dire, à notre honte, nous vous avons l’obligation du peu d’équité qui nous reste : il ne dépendait que de vous que nous pussions faire d’excellents Livres contre elles, après avoir lu le vôtre. […] Il prend envie de croire que le vrai bonheur, le véritable amour, consiste à avoir les yeux fermés auprès de ce qu’on aime, à n’oser regarder ses charmes, à se priver d’un plaisir, pour un plaisir plus grand, quand on a lu des maximes si nobles, si pures et si séduisantes. […] J’oserais parier que ce n’est que pendant le jour que vous éprouvez ces mouvements violents, et que pendant la nuit, dans des songes aimables, vous vous représentez les femmes sous des traits plus dignes de l’humanité. […] Il a respecté ma vertu ; il a craint ma pénétration ; jamais il n’osa me parler pour un sexe qui n’est fait que pour mon mépris… Non, Zima, il n’a pas craint de vous parler ; mais vous avez craint de l’entendre. […] Mais, pour vous-même, souffrez que la vérité et le plaisir osent la balancer aujourd’hui.

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