Mais comprend-on comment on pouvoit entendre les acteurs & la musique, voir les danses & les gestes, suivre le fil de l’intrigue, le dénouement de la piéce ; car pour les graces des actrices, l’architecture savante des boucles des cheveux, la fraîcheur du rein ; il faudroit un télescope de Londres, au milieu de cette cohue, de ce cahos qui étourdit, qui fatigue, qui assomme l’esprit, l’imagination, les yeux, les oreilles, & fait rire de l’adulation ; qui y trouve un sentiment délicat, & y admire l’éclat des talens & des arts ? […] Et tous dans le goût des ballets, entremêlé de danses, de pas de trois, de dix, de vingt, de trente ; leur Chorégraphie embrasse un très-grand nombre d’actrices, leur orchestre n’est pas si régulier que celui de l’opera ; ils n’ont pas de Francœur pour battre la mesure ; mais ils ont de tambours, de siflets, de flutes, de grêlots, une boëte en machée où l’art a renfermé des bales de plomb, de petites pierres qui en les agitant plus ou moins vite rendent des sons moins harmonieux ; il est vrai que la Chacone de Phaëton, mais qui marque pourtant une mesure à laquelle leurs oreilles sont accoutumées, leurs pas, leurs bras, leurs contorsions, s’accommodent fort exactement. […] Chaque peuple s’en est fait selon son génie, où même les hommes par les yeux & par les oreilles, comme par le cœur & par l’esprit.