L’idolatrie, comme i’ay déja dit, est la mere de tous ces ieux : mais n’osant se declarer ouuertement aux pauures Chrestiens, elle a recours aux artifices pour les y attirer, & surprendre insensiblement, auec les doux charmes de la volupté, leurs yeux & leurs oreilles. […] Tous les Demons president diuersement à ces disputes de course, de force, de vigueur des nerfs, de voix & d’instruments, qui ont pris origine dans la Grece ; les Demons sont arbitres de ces assemblées : Et si l’on recherche soigneusement la source de toutes ces illusions & de ces charmes trompeurs qui gaignent si subtilement la veuë & les oreilles d’vn spectateur, on la découurira dans vn mort, dans vn Idole, ou dãs vn Diable : c’est ainsi que ce rusé aduersaire preuoyant que l’Idolatrie route nuë & sans fard paraistroit mõstrueuse, & qu’elle dõneroit plus d’horreur que d’amour, s’auisa de la reuestir des spectacles, afin qu’auec le foïble plaisir dont ils sont meslés, elle pût cacher sa laideur sous vn visage est ranger. […] Ie ne puis souffrir que les Chrestiens, au lieu de condamner ces spectacles y donnent leur attention ; & ils ne sçauroient sans faire tort à leur condition, porter la veuë sur les actions bouffonnes de certains charlatans qui ont appris des Grecs l’art d’imiter toutes sortes de voix pour le plaisir des oreilles ; quel agreement y a t’il dans ces sots exercices. […] Nos yeux & nos oreilles doiuent s’appliquer aux bonnes choses, & ne point gouster toutes ces libertes ; nos ames agissent le plus souuent par ces deux puissances, & quand on est prõpt à escouter le mal, on s’habituë promptement à le commettre.