Il faut donc avouer que c’est un emploi profane & indigne d’un Chrétien ; que ceux qui l’exercent sont obligés de le quitter, comme tous les Conciles l’ordonnent, & par conséquent qu’il n’est point permis aux autres de contribuer à les entrenir dans une profession contraire au Christianisme, ni de l’autoriser par leur présence. […] Telle a toujours été la conduite de l’Eglise à l’égard des abus qu’elle n’a pû abolir ; gémissant sur l’empressement que font paroître les peuples, & quelquefois même les Magistrats pour des pratiques condamnables, elle n’ose en venir à des extrêmités, & se contente d’ordonner à ses Ministres de travailler à désabuser les peuples, & à leur donner de l’horreur de tous les divertissemens dangéreux qui les enchantent. C’est ainsi qu’en usa le Restaurateur de la discipline ecclésiastique, le grand saint Charles ; car, ne pouvant abolir les spectacles, il fit ordonner au troisiéme Concile Provincial, que les Prédicateurs reprendroient avec force le déréglement de ces plaisirs publics que les hommes séduits par une coutume dépravée, mettoient au nombre des bagatelles où il n’y a point de mal ; qu’ils décriroient avec exécration les spectacles, les jeux, les boufonneries du théâtre, &c. […] Tantôt applaudissant à cette vertu romaine qui n’est autre chose qu’un orgueil déguisé ; & s’accoutumant à regarder un chimérique honneur, comme le bien le plus précieux, il apprend à tout sacrifier pour le conserver, ou le réparer sans égard pour les droits mêmes les plus inviolables du sang & de l’amitié ; & il l’apprend d’autant plus volontiers, que c’est un pere barbare qui met lui-même un fer assassin entre les mains de son fils, & lui ordonne de tuer ou de mourir.