Vous convenez vous-même qu’en 4 matière de Religion plus qu’en aucune autre, c’est sur ce qu’on a écrit qu’on doit être jugé, & non sur ce qu’on est soupçonné mal à propos de penser ou d’avoir voulu dire : cependant, pour justifier l’accusation de Socinianisme que vous intentez aux Théologiens de Genève, vous déclarez les avoir jugés d’après des ouvrages, d’après des conversations publiques, où ils ne vous ont pas paru prendre beaucoup d’intérêt à la Trinité ni à l’Enfer, enfin d’après l’opinion de leurs Concitoyens & des autres Eglises Réformées. […] Pourquoi les jugez-vous sur la simple opinion de quelques uns de leurs concitoyens ? […] Que penseriez-vous enfin d’un Auteur qui vous accuseroit de Matérialisme ; & qui, pour prouver ce qu’il avance, diroit qu’il vous a jugé d’après vos ouvrages & d’après des conversations publiques, où vous ne lui avez pas paru prendre beaucoup d’intérêt à la spiritualité de l’ame, enfin d’après l’opinion de vos concitoyens & de la Sorbonne même ; que ces sentimens sont d’ailleurs une suite nécessaire de votre Philosophie ; & que, si vous ne jugez pas à propos de les adopter ou de les avouer aujourd’hui, la Logique que l’on vous connoît doit naturellement vous y conduire, ou vous laisser à moitié chemin ?