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140. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

Et en second lieu, il leur apprend, que le silence des Ecritures, qui ne descendent pas dans un détail honteux de tout ce qui se passe aux Spectacles, est une censure plus sévère que quelque précepte formel qui les aurait défendus, puisqu’ils se défendent assez d’eux-mêmes : et qu’ainsi en cet état la bonne raison d’un chacun doit tenir lieu de précepte en faisant réflexion sur le silence de l’Ecriture, qui semblerait n’avoir pas eu assez bonne opinion des Fidèles, si elle était descendue dans un si vilain détail. […] Mais il ne se trompe pas moins lourdement, en ce qu’il veut que les Pères aient été de son opinion, et qu’ils aient approuvé la Comédie dans l’état où elle lui paraît indifférente. […] Avant que d’en venir à l’examen de ce que notre Docteur prétend trouver dans Tertullien et dans saint Cyprien en faveur de son opinion, je ne puis m’empêcher de relever une expression brutale et peu convenable, dont il s’est déjà servi en parlant des Pères qui lui sont contraires, et qu’il emploie encore ici en parlant de Tertullien et de saint Cyprien, au moment qu’ilk se les veut concilier : « Ce sont les deux, dit-il, qui semblent s’être le plus déchaînés contre la Comédie. » Ce mot de « déchaînés », s’accorde-t-il bien, je vous prie, avec le respect que l’on doit aux Pères de l’Eglise ? […] Mais il court risque d’en être mordu lui-même : car loin de trouver dans l’autorité de ces deux Pères quelque chose de favorable à son opinion, il n’en rapportera que de la honte, et n’y trouvera que sa condamnation après l’examen qui en va être fait. […] Ces Casuistes eussent bien mieux fait de suivre constamment et de soutenir avec courage la doctrine des Anciens, qui est fondée sur la discipline de l’Eglise et animée de son Esprit, et de réprimer par la force de la vérité la licence effrénée des Chrétiens relâchés et vicieux, que de leur montrer une voie large qui favorise leurs convoitises, et qui > par conséquent ne peut que les conduire dans le précipice par des opinions nouvelles, qui n’ont aucun fondement ni dans la doctrine de l’Eglise ni dans celle des Pères. » Et dans le chapitre 14 du même Livre : « Ces Casuistes, dit encore saint Charles, ont fait tort à la vérité ; et ils ont été trop hardis, de vouloir limiter ainsi par leurs interprétations particulières, l’obligation que les Canons imposent sans restriction aux Fidèles : ces Auteurs ont eu sans doute plus d’égard à l’usage de leurs temps qu’à la vérité et à l’esprit de l’Eglise. » Saint Charles cite ensuite le second Concile de Mâcon pour justifier ce qu’il vient de dire : « C’est, dit-il, ce que nous font comprendre ces admirables paroles du Concile de Mâcon : Que le Dimanche vos yeux et vos mains soient élevés vers Dieu DURANT TOUT LE JOUR.

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