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51. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VII. Fêtes de Théatre. » pp. 169-185

Le théatre est un grand médiateur, il a réuni les Chevaliers & les Bourguemestres à l’opéra, le 19 novembre 1772, au moment qu’on commençoit une piéce fort devote, en faveur des Chevaliers, le feu prit derrieres le théatre, dans la chambre des acteurs, & fit bien de ravage, & sans la hardiesse & la dextérité d’un paysan, qui, au péril de sa vie, alla couper les cordes des chats des Déesses, & autres machines, & empêcha la communication du feu, l’incendie auroit eu les suites les plus funestes. […] Toutes les gazettes ont annoncé l’incendie du théatre d’Amslerdam ; sur la fin de l’opéra un lampion mit le feu à un cordon qui pendoit le long de lacou’isse, le feu prit à la coulisse même, & delà à tout le théatre ; dans un instant le plafond & le toit furent embrasés, les lustres de eristal tomberent sur les spectateurs qui étoient en très-grand nombre. […] S’y préparoit-on, & quelle préparation que l’opéra ! Passer du théatre au jugement de Dieu, de l’opéra à l’éternité, peut-il être de plus grand malheur ? […] Comme tout s’embellit & se perfectionne, on y a ajouté depuis des opéras bouffons, par des acteurs qu’on a fait venir d’Italie, & on tire une Loterie, nouvel agrément qui peut être lucratif.

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