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182. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE V. Des Comédiens. » pp. 156-210

Une danseuse, une chanteuse des Chœurs de l’Opéra de Paris ne peut assurément pas, avec quatre ou cinq cent livres d’appointement, subvenir aux frais de son entretien, et à ceux qu’elle est en même temps obligée de consacrer au Théâtre. […] Quelles sont donc celles qui se produiront au Théâtre de l’Opéra, sinon des femmes qui projettent de se dédommager aux dépens de leur honneur du peu de fortune que le spectacle leur laisse espérer ? […] Ce n’est point à des particuliers à qui je confierais le Privilège et l’entreprise du spectacle : ce serait aux Corps de ville, Prévôts des Marchands, Maires, Capitouls, Echevins à qui l’entreprise serait confiée, à l’exemple de l’Opéra de Paris. […] Ceux qui invitent à leur table une chanteuse des Chœurs ou une figurante des ballets de l’Opéra, ou toute autre femme de Théâtre qui n’a pas des talents distingués, n’invitent que rarement les hommes à ce repas ; ils y seraient de trop, eu égard à l’objet de la partie, et aux amusements qui suivront le dessert : vous pouvez penser de ces Grands-là tout ce qu’il vous plaira ; mais ceux qui invitent aussi bien les Comédiens que les Comédiennes, dont la table est toujours environnée de Dames vertueuses et d’hommes respectables, n’ont assurément pas le même objet que les premiers lorsqu’ils admettent un Acteur ou une Actrice célèbres à ce Cercle.

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